Du jeûne extraordinaire à la consommation responsable ordinaire

03.09.13

Nous publions et partageons l'intervention d'Adriano Sella (missionnaire de la création et coordinateur de la Commission diocésaine pour les nouveaux modes de vie) qui, inspiré par le jeûne de Don Albino Bizzotto (voir les actualités sur le web ci-contre), met en œuvre des actions concrètes que chacun de nous peut mettre en œuvre pour protéger l'environnement et le territoire qui nous entoure. La consommation responsable, critique et solidaire est une pratique très efficace pour saper la logique des profits multinationaux ! Bonne lecture.

Le choix extraordinaire de Don Albino des Bienheureux Bâtisseurs de la Paix, de mettre en œuvre le jeûne pour attirer l'attention de la population et des autorités sur la question environnementale de notre territoire, est un choix vraiment courageux avec un beau témoignage. Nous devons le remercier pour son courage et pour avoir suscité la confrontation, le débat et l'union des forces autour de la question du territoire vénitien, qui est en grand danger en raison de divers grands travaux voulus par l'économie de profit.

Cette action reste cependant extraordinaire à la fois parce que peu de personnes peuvent la mettre en œuvre et parce que le jeûne (grève de la faim) est un outil à utiliser en cas d'urgence et d'urgence.

De cette forme extraordinaire, il faut passer à l'action ordinaire : possible pour tous les citoyens et concrète dans leur vie quotidienne. Nous pouvons l'identifier dans l'engagement en faveur d'une consommation responsable, critique et solidaire qui peut être mis en œuvre chaque jour, lorsque nous achetons, c'est-à-dire lorsque nous faisons les courses.

Voici une proposition quotidienne qui répond à la question que plusieurs personnes m'ont posée ces derniers temps : « Que pouvons-nous faire pour protéger notre territoire ? » .

La première question à se poser est la suivante : où allons-nous faire les courses ? Le choix de se rendre dans les grands centres commerciaux, ou dans les hypermarchés, n'est pas le même que lorsque l'on fait ses courses en magasin ou directement auprès des producteurs, comme le font les groupements d'achats solidaires (G.A.S.). Le premier consiste à soutenir l'économie des géants et des grandes multinationales responsables des grands travaux que nous voulons réaliser aujourd'hui, en détruisant tout le tissu socioculturel et humain d'un territoire. Le deuxième choix consiste à promouvoir une économie alternative, en soutenant tous les petits et moyens magasins capables d'employer un plus grand nombre de personnes et qui constituent le tissu des relations sociales et humaines dans nos pays, ou en s'organisant et en s'adressant directement aux producteurs pour soutenir leur travail et leur engagement à produire dans le plein respect de l'environnement.

Vandana Shiva, scientifique, économiste et écologiste indienne, a vivement dénoncé la façon dont le grand géant Coca-Cola s'était approprié de l'eau d'une région de l'Inde, drainant les aquifères de la région en seulement deux ans, obligeant des milliers de femmes à parcourir des centaines de kilomètres pour aller chercher de l'eau. Il est bon de prendre conscience que cette action destructrice de la multinationale est soutenue par ceux qui utilisent ses produits et n'ont pas le courage de faire un choix alternatif.

La deuxième question à se poser est la suivante : quels produits achetons-nous ? Acheter des produits auprès de grandes entreprises responsables de la pollution de l'environnement n'est pas la même chose que d'acheter des produits issus de la chaîne d'approvisionnement qui accorde une grande attention à l'agriculture naturelle et biologique. La première chaîne de production est très destructrice de l'environnement car elle utilise de nombreux herbicides, pesticides et agrotoxines ; tandis que la seconde est très attentive au respect de la nature et du territoire. Le choix d'une chaîne de production éthique est très important : afin de respecter l'environnement, de payer un juste prix aux producteurs et de respecter les droits des travailleurs, tout comme le fait le commerce équitable.

Comme l'a écrit l'économiste Leonardo Becchetti, en tant que consommateurs, nous avons « le droit de vote dans notre portefeuille ». C'est vrai, chaque fois que nous achetons, nous votons avec notre portefeuille. Il s'agit d'un énorme pouvoir entre les mains des citoyens. Savons-nous comment l'utiliser ? Et c'est un outil quotidien qui nous place à la croisée des chemins : continuer à soutenir l'économie de profit actuelle, entre les mains des multinationales (pensons au secteur alimentaire mondial géré par une poignée de sociétés transnationales) ; ou promouvoir une économie alternative, éthique, axée sur l'humanité et la terre, avec une grande attention à l'environnement, en nous proposant également des produits de qualité bons pour notre santé.

C'est là que réside l'action quotidienne qui nous permet d'affaiblir, de saper par le bas, le pouvoir des grands géants économiques qui veulent aujourd'hui utiliser le territoire vénitien, en le consolidant énormément et en réalisant une longue liste de grands travaux. Il ne faut pas oublier que derrière ces grands groupes se cachent la finance spéculative et, souvent, la corruption.

Pour mieux comprendre ce pouvoir du citoyen en tant que consommateur, je voudrais vous rappeler que la réduction de la consommation de seulement 3 ou 4 % a suffi à mettre les grandes multinationales, telles que Coca-Cola, à genoux, et à prouver qu'elles étaient prêtes à discuter. Récemment, l'action d'un petit pourcentage de citoyens de notre territoire qui ont choisi de ne pas faire leurs courses le dimanche dans les grands centres commerciaux, afin de vivre le dimanche de la Troisième Terre (relations, repos et résurrection), a infecté la grande chaîne de supermarchés Famila, du géant GDO, faisant le choix de ne pas ouvrir le dimanche, pour des raisons de commodité économique mais aussi pour redécouvrir l'éthique dans le respect du droit au repos dominical de ses travailleurs et dans le respect de l'environnement.

Cette action quotidienne, possible pour tous, doit être vécue à trois niveaux : personnel grâce à des dépenses justes, éthiques et solidaires ; communauté en s'organisant en tant que citoyens, comme le font les groupements d'achats solidaires ou les districts d'économie solidaire ; institutionnel avec un engagement politique et faisant pression sur les institutions locales, régionales et nationales, comme le font les nombreux comités et directeurs de défense du territoire.

Je crois de plus en plus qu'il s'agit de l'outil puissant, non violent et quotidien que chacun peut et doit utiliser pour protéger son territoire : la consommation responsable et la finance éthique.

Tramonte (Padoue) 27/08/2013

Adriano Sella

(missionnaire de la Création et coordinateur de la Commission diocésaine pour les nouveaux styles de vie)

courriel : adrianosella@virgilio.it ; site de blog : www.contemplzionemissione.wordpress.com

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